mercredi 9 mai 2018

Pauvres parias

par Linda Lê
"Le lecteur qui pénètre dans l’univers de Krasznahorkai doit s’attendre pour le moins à être dérouté, au sens premier qui signifie être détourné de sa route. Un rêve longtemps caressé, une découverte inopinée, un chambardement inattendu, et voilà le curieux projeté dans un monde où il entre avec la perplexité de celui qui est à la fois subjugué et désorienté, tant le troublent les perturbations auxquelles il s’expose.
S’il a vu les adaptations cinématographiques que Béla Tarr a faites de deux livres de Krasznahorkai, Sátántangó (à partir de Tango de Satan), un nocturne de plus de sept heures, entre recherche d’un eldorado et silencieuses cavalcades vers l’Apocalypse, entre croyance dans les promesses de quelques escrocs et fin du rêve où l’eldorado n’est plus qu’un tas de ruines, ou bien encore Les harmonies Werckmeister (long métrage tiré de La mélancolie de la résistance), un film en forme de questionnement sur la collision entre un sentiment d’effroi et la certitude d’une décomposition irrémédiable, s’il a vu ces deux œuvres hantées par des visions d’une dégénérescence, il sait que l’alliance scellée entre Krasznahorkai et le réalisateur du Cheval de Turin, cinéaste aiguillé par une désespérance que rien, pas même l’art, ne rédime, cette alliance est aussi celle de deux créateurs rongés par la conviction d’un impossible sauve-qui-peut." La suite sur en-attendant-nadeau.fr

Lászlό Krasznahorkai, Seiobo est descendue sur terre. Trad. du hongrois par Joëlle Dufeuilly. Cambourakis, 411 p., 25 €

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