jeudi 12 décembre 2013

Prendre racine par Flora

Signe d'Air mais aussi de Terre, j'ai beau «vivre avec un collier d'air autour du cou», j'ai un besoin constant de m'enraciner dans le sol où le vent m'a déposée. Comme j'ai souvent changé de sol, cela suppose l'arrachage des mêmes racines à plus ou moins longue échéance.
La fin de l'année approche et nous invite à des regards en arrière aux allures de bilan. Si je récapitule mes déracinements et mes enracinements ailleurs, c'est le sentiment d'apprivoiser qui fait surface. Le déchirement laisse sa place à la curiosité de la découverte. Je ne suis pas - et de loin - une téméraire. J'ai besoin de gagner mon nouveau terrain de jeu pas à pas, en douceur, la méfiance esquivée par la main tendue, je fais crédit de ma confiance. Un geste d'accueil chaleureux en retour (plus rare en Occident)  -  et le charme opère. C'est ainsi que le Nord de la France m'a conquise à jamais lorsque, les cartons du déménagement à peine déposés, les voisins ont sonné à la porte pour nous proposer leur aide et leur table! Et l'agent immobilier nous a invités, avec les anciens propriétaires, sur la terrasse d'un des nombreux cafés de la place d'Armes, devant les somptueuses façades de l'Hôtel de ville décorées par les sculptures de Carpeaux, enfant de la ville, pour sceller la transaction par une bouteille de champagne ! Avouons qu'il y a des débuts moins prometteurs ! Nous arrivions d'Istanbul et nous ne connaissions du Nord que sa réputation de convivialité. Au bout de vingt-trois ans, je suis toujours sous le charme.
Bien sûr, les six années d'Istanbul ont laissé des traces indélébiles d'une nostalgie toujours à vif. La chaleureuse spontanéité des habitants - sans pour autant devenir incommodante - m'a donné l'impression d'un bain effervescent permanent, une serviabilité constante et désintéressée : juste pour le plaisir d'être aimable ! C'est l'ambiance qui me convient à merveille, où je me sens comme poisson dans l'eau ! Même la corvée des courses par les petites boutiques dans les rues pentues aux pavés défoncés est allégée par le sourire des marchands, le petit geste d'accueil qui vous donne l'impression d'être entre amis, sinon, en famille (mon boucher qui voulait même partager son « güveç » du midi : un plat de viande et de légumes cuit au four). Sans évoquer le Grand Bazar dont je pourrais raconter des légendes tout à fait personnelles, incroyables qui se terminent avec les larmes des adieux...
J'évoquerais les Russes avec leur émotivité débordante, l'Algérie à plusieurs visages, Berlin-Ouest et les Prussiens distants... La terre a été parfois aride à mes racines qui préfèrent incontestablement la chaleur non muselée par la méfiance...

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